Signature du protocole d’amitié et de coopération entre Ivry/Seine et Mejik (willaya d’Aousserd)

Monsieur le Gouverneur, Monsieur le Maire, Mesdames et messieurs les Elus, chères amies et chers amis, chacun et chacune dans votre dignité

C’est un grand honneur et surtout un grand bonheur d’être ici parmi vous. Claude une des vedettes locales m’a demandé de parler au nom de nous tous, amis et solidaires du peuple sahraoui, presque d’une même famille.

Est-ce au titre de ma place dans l’association ou bien plutôt au titre de mon ancienneté, dont je m’honore tant elle témoigne de votre qualité, vous les Sahraouis, que jamais on ne peut quitter après avoir fait votre connaissance.

Nous sommes nombreux ici aujourd’hui mais il en manque un, le citoyen d’honneur d’Ivry, Naama Asfari, le mari de Claude, en prison au lieu d’être là à ses côtés pour fêter ensemble ce que leur ville est en train de construire : un protocole inédit qui va bien au-delà de l’amitié et de la coopération puisqu’il appelle à la tenue du scrutin d’autodétermination et à la libération des prisonniers politiques sahraouis.

2022, 1982, 1993 ces dates sont celles des protocoles d’amitié, on parlait avant de jumelage, qui ont été signés entre villes françaises et daïras sahraouies. Il y en eut quelques autres, Albi, Loon-Plage, Cuges-les-Pins, Brest qui n’ont pas survécu aux incertitudes politiques locales. C’est à la fois peu, si on compare notre pays aux voisins européens, Espagne et Italie, et c’est beaucoup dans la durée, 40 ans pour Le Mans et c’est important dans les gestes de solidarité qui comptent encore aujourd’hui dans le quotidien des campements.

Il se peut que les Sahraouis d’Haouza oublient un peu Le Mans, il se peut que la présence espagnole soit bien plus importante mais il reste que ces solidarités locales, que cette fidélité qui a su maintenir en France auprès de nombreux élus, auprès de la presse locale voire nationale grâce au dynamisme de Claude, font exister en France la lutte des Sahraouis pour leur indépendance, contribuent à maintenir significative cette bataille, alors que l’influence marocaine est vraiment très puissante dans notre pays.

Elle est puissante économiquement, culturellement et de même de la France vers le Maroc. Mais elle ne peut empêcher l’expression d’une identité sahraouie qui s’enracine dans l’histoire et la culture et s’est construite dans ces batailles diplomatique, juridique et institutionnelle menées depuis 50 ans.  C’est souvent difficile, ainsi dans les Yvelines, la présence de Sultana Khaya a déclenché discrimination et interdiction de libre expression, ainsi à l’IMA ou au centre Beaubourg où le chantage aux subventions a pu avoir de l’effet, ainsi au Conseil municipal d’Ivry, ainsi la réaction à la signature de ce protocole avec la signature à Metz, le plus vite possible pour être gagnant au poteau, d’un protocole d’amitié avec EL AÏOUN occupée.

Ce protocole d’amitié et de coopération qui consacre 40 ans après le premier jumelage, l’engagement d’une ville, de ses élus et de nombre de ses habitants correspond bien à ce que nous défendons tous ici réunis. Le respect des règles et du droit, le refus de l’injustice et l’obligation politique et morale de s’en tenir à ce respect sans crainte du rapport de forces et en faisant tout pour le modifier.

J’observe depuis plus de 40 ans combien notre pays comme la grande majorité des Etats européens ont du mal à échapper à la réal politique, se contentant d’un statu quo et d’une aide humanitaire, indispensable certes, qui leur évite d’affronter des situations contraires à leurs intérêts politiques et économiques tout en proclamant leur attachement à ce droit tant bafoué.

Le jumelage du Mans avec Haouza a été voulu en 1981 par des élus communistes, le Maire Robert Jarry et ses adjointes Jeanine Haudebourg et Jeanine Rouxin. Signé en février 1982, il a fait l’effet d’une bombe, c’était le premier, les Sahraouis étaient en guerre, notre pays en a été bien gêné. Celui de Gonfreville en 1993 a renouvelé avec éclat la solidarité d’autant plus qu’il s’exprime depuis plusieurs mandats à l’Assemblée et à la Commission des AE quand son maire, JP Lecoq est devenu député. Son successeur Alban Bruneau a repris avec vigueur le flambeau et s’attache à partager cette solidarité avec ses adjoints et sa ville, comme cet été avec un tournoi de foot.

En 2022, ce nouveau protocole ou jumelage signifie que dans notre pays, des femmes et des hommes, des élus, des militants associatifs renouvellent cet engagement du respect du droit et du respect d’un peuple. Ils appellent leur pays, leurs autorités à prendre enfin, au terme de tant d’années, leurs responsabilités. Impulser au sein du Conseil de sécurité un référendum d’autodétermination et peser vigoureusement en faveur de la libération des prisonniers politiques sahraouis. C’est le vœu qu’une « très ancienne » militante comme moi formule devant vous tout en remerciant les trois principaux protagonistes de cette journée à Ivry, Monsieur le Maire, Philippe Bouyssou, Monsieur Mohamed Cheik, Gouverneur d’Aousserd et notre amie Claude Mangin-Asfari.

Régine Villemont

Le 25/11/2022