Le secrétaire général de l’ONU s’impatiente : 2015 sera-t-elle l’année décisive pour les sahraouis ?

Au long de l’été 2014, les autorités marocaines ont multiplié initiatives et tentatives en direction des Nations unies pour tenter de rétablir auprès d’elles, les strictes positions du royaume sur le Sahara occidental Le représentant permanent du Maroc, à New York, Monsieur Omar Hilale, note par exemple, « des dérapages » dans les derniers rapports du Secrétaire général. Au même moment, le Palais, fait courir le bruit dans la presse, de la démission de Christopher Ross, envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental.

Enfin le Ministre des Affaires Etrangères, Monsieur Salaheddine Mezouar, transmet, en juin, à Ban Ki Moon, un questionnaire, destiné à préparer la prochaine mission de l’envoyé personnel et la rédaction de son rapport. Questionnaire resté jusqu’à présent sans réponse, ce dont le représentant à l’ONU, Monsieur Omar Hilale s’étonne : «Nous attendons une réponse depuis deux mois». Il ajoute « Les bureaux de la MINURSO sont devenus un lieu de rencontre des séparatistes avec les visiteurs étrangers de nos provinces du Sud ».

De son côté, le Secrétaire général a nommé la nouvelle Directrice de la MINURSO, sans demander l’avis des autorités du royaume, rompant ainsi avec les habituels et respectueux usages… L’ambassadrice canadienne, Madame Kim Bolduc, sera-t-elle maîtresse chez elle dans les locaux de la MINURSO d’El Aïoun ?

Le manque de clarté et de rigueur ont caractérisé l’action des Nations Unies depuis l’adoption du Plan de paix en 1991. Mais dans son dernier rapport d’avril 2014, le Secrétaire général de l’ONU avertit la Communauté internationale : « Si, malgré cela [l’appel à un dialogue sérieux sur le contenu d’une solution politique et la forme de l’autodétermination], il n’y a aucun progrès avant avril 2015, le moment sera venu d’inviter les membres du Conseil à examiner complètement le cadre qu’il a fixé en avril 2007 pour le processus de négociations. S’agirait-il pour le Secrétaire général de ne plus se satisfaire de la recherche du consensus mais d’imposer le droit tel qu’il est rappelé depuis 1966 ?

En attendant, en Espagne, la Cour Suprême a pris ses responsabilités en décidant de « poursuivre l’enquête sur l’assassinat en novembre 2010, du citoyen hispano-sahraoui, Baby Hamdi Boujemaâ, considérant que l’Espagne continuait d’être la puissance administrante de jure sur le territoire du Sahara occidental sur la base des résolutions des Nations unies» (agence Europe presse à Madrid, 25 juin 2014). Le juge espagnol, Pedro Rubira, considérant que « le Maroc n’était pas compétent pour mener l’en- quête sur une affaire qui a eu lieu en dehors du territoire sous sa juridiction ».

En attendant, l’Union Africaine vient de nommer un envoyé spécial, Monsieur Joaquim Chissano, ancien Président du Mozambique et éminente personnalité de la décolonisation.

En attendant le rapporteur spécial sur la détention arbitraire vient de sortir un rapport très sévère qui pointe en particulier, ce qui se passe au Sahara occidental.

La situation est ainsi devenue plus incertaine pour le Maroc qui y répond avec agressivité et confusion. Campagnes de presse et déclarations mal contrôlées contre l’Algérie. Blocus depuis avril qui interdit l’entrée du Sahara occidental occupé à la grande majorité des délégations étrangères et les renvoient de manière « musclée ». Arrestation en juillet d’un journaliste sahraoui de l’équipe TV RASD. Quadrillage permanent du territoire et depuis juillet, renforcement des effectifs des FAR (Forces Armées Royales) déployés en particulier le long du mur de défense, dans la partie occupée du Sahara. Situation jugée très alarmante par le Président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, qui s’en est ému auprès de Ban Ki Moon.

Aussi il est grand temps que le Plan de paix reprenne ses droits et qu’une réelle négociation se réinstalle pour que la solution politique conforme au droit s’impose et ne laisse aucune place à toute autre solution armée.

Régine Villemont 29 août 2014


Sahara Info 166-167
Janvier à septembre 2014
Le Secrétaire Général de l’ONU s’impatiente, 2015 sera-t-elle l’année décisive pour les Sahraouis ?