L’année 2015 a été rude pour le Maroc ! En Afrique, les présents aux sommets de l’Union africaine, n’ont jamais négligé le sujet, autodétermination pour les Sahraouis, en Europe la Cour de justice met en cause la légalité de l’accord agricole UE-Maroc, la Suède manque de peu la reconnaissance de la RASD et à l’ONU la tranquille assurance de Christopher Ross à tenter à tout prix de faire respecter le droit etc Aussi dès Mars 2016, la monarchie marocaine a recherché l’affrontement avec les Nations unies et leur Secrétaire général en s’employant à empêcher toute tentative onusienne visant à redonner espoir à une possible négociation et à un règlement politique respectueux du droit de la décolonisation. L’expulsion du personnel civil de la Mission de paix, la MINURSO, a été l’ultime réponse du Maroc à la Communauté internationale : défaire par morceaux une mission de paix inutile et signifier à nouveau très concrètement son refus du référendum d’auto-détermination.
18 juillet, les manœuvres marocaines au sein de l’Union Africaine, ont tenté de faire perdre à la RASD un de ses plus importants acquis au niveau international, la reconnaissance de son État dans une organisation régionale. Au sommet de Kigali, la diplomatie marocaine a manqué de réussir l’expulsion de la RASD à quelques voix près d’États africains, sensibles aux charmes du Makhzen. L’arrivée de Mohamed VI était annoncée, avec la certitude de réussir la manœuvre ! Échec, La RASD est toujours membre de l’Union.
Depuis le 16 août, c’est à nouveau du très sérieux ! Il ne s’agit plus seulement de personnel civil, il s’agit d’une rupture du cessez-le-feu par le Maroc. En effet, au prétexte d’une opération anti-contrebande à la frontière mauritanienne, dans la zone dite tampon entre Maroc et territoires libérés du Sahara occidental, site de Alguergarat, l’armée marocaine s’est largement déployée, sans avertir la MINURSO. L’armée sahraouie a de suite réagi, les positions respectives sont ce 8 septembre, très proches, à peine 120 m les séparent.
Situation très préoccupante alors que le cessez-le-feu entre Maroc et RASD date de 25 ans ! L’ONU comme l’UA s’inquiètent d’une reprise des hostilités et de ses graves conséquences pour la région.
Cette menace très réelle ne devrait-elle pas inviter les membres du Conseil de sécurité, et tout particulièrement notre pays, à envisager autrement leurs rapports avec la monarchie marocaine ? Par exemple, en avril, la représentation française au Conseil invitait ses membres à « rechercher tous les moyens d’apaisement des difficultés entre le Maroc et le Secrétaire général. »
Apaisement qui entretient l’arrogance et conduit à l’escalade ! La rigueur et le strict respect des résolutions ne sont-ils pas des moyens plus appropriés pour faire comprendre les bonnes règles à un État qui depuis 40 ans refuse de se conformer au droit international ? Le Maroc va accueillir dans quelques semaines la conférence mondiale sur le climat, la COP 22. Volonté de s’imposer à la Communauté internationale et en même temps de faire définitivement oublier « le rapt du Sahara occidental » ? La bonne perspective ne serait-elle pas de s’inscrire dans le respect des règles en acceptant le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Comment en effet envisager d’œuvrer au respect des engagements concernant le climat, si le pays qui accueille ne respecte pas le droit des peuples ?
Régine Villemont, le 8 septembre 2016
Supplément Sahara info 170/171 – Septembre 2016
Le Maroc veut en finir avec le peuple sahraoui….