42ème EUCOCO – Autodétermination du peuple sahraoui, droit inaliénable

Le droit international peut-il être indéfiniment ignoré ? Assurément non. A ce titre, l’arrêt de la Cour de Justice européenne de décembre 2016 marque un tournant dans l’Histoire de la lutte du peuple Sahraoui. Si le Maroc et la Commission européenne tentent, de concert, de contourner ce qui est pourtant l’application stricte du Droit international, leurs manœuvres apparaissent aujourd’hui comme indignes pour tout observateur qui tient, un tant soit peu, à la séparation des pouvoirs.

En parallèle, au sein de l’Union Africaine, le Maroc poursuit ses tentatives visant à faire disparaitre tout ce qui pourrait s’apparenter, de près ou de loin, à la reconnaissance d’un État sahraoui. Et pour ce faire, le Maroc fonde sa stratégie diplomatique sur la distribution de pots de vin et l’achat de fonctionnaires. Cependant, la nécessaire autodétermination du Peuple Sahraoui n’est pas une marchandise. En effet, il s’agit d’une revendication à l’échelle d’un Peuple qui a été intégrée par tous, dans les cellules familiales et personnelles. C’est là une dimension fondamentale de cette lutte d’indépendance qui en explique la capacité à durer, dimension ignorée par le Maroc dans ses manœuvres visant à acheter l’injustice.

Le pillage des ressources naturelles sahraouies au profit de la puissance occupante et d’une poignée de grandes entreprises ne doit pas se poursuivre indéfiniment. Toute marchandise sahraouie, quelle qu’elle soit, arrive à un moment ou l’autre, au sein d’une entité contrôlable (ports, centres de distribution, stocks d’une autre entre- prise…). Dans ce cadre, l’utilisation des produits illégalement importés du Sahara Occidental peuvent et doivent faire l’objet de mécanismes de contrôle stricts. Et il ne s’agit même pas là d’une revendication militante. Il s’agit simplement de faire respecter le droit international et européen.

L’élection de Donald Trump aux Etats-Unis donne à l’Union européenne une opportunité historique : celle de s’affirmer en tant qu’une entité politique à part entière sur la scène internationale. Cela suppose, néanmoins, une prise de responsabilité dans le chef de ses relations internationales et commerciales, en commençant par le respect d’un arrêt publié par sa plus haute juridiction. L’Union européenne ne peut se satisfaire de construire son engagement international au seul prisme économique plaçant tout interlocuteur comme représentant d’un marché à conquérir ou à sauvegarder.

L’observation géopolitique nous permet ainsi d’affirmer que l’apparent immobilisme de la situation sahraouie relève du mirage. Un à un, les acquis en faveur de l’autodétermination sahraouie s’accumulent grâce à un allié de taille : le droit. Quand il est au service de l’occupant, ce droit devient une parodie de lui-même et devient un nouvel argument en faveur de la résistance sahraouie. En témoigne le procès de Gdeim Izik où les aveux obtenus sous la torture viennent d’être acceptés par le tribunal.

Le long processus qui mène à l’autodétermination passe par un soutien sans cesse renouvelé aux victimes de l’occupation. C’est pourquoi, l’occupant cherche, à tout prix, à museler les voix qui portent ces revendications. Précisément parce qu’elles sont légitimes. Pour ce faire, il dis- pose de deux armes : d’une part, de puissants organes de propagande et d’autre part, des forces armées et policières chargées de réprimer ceux qui remettent en cause l’histoire véhiculée par ces organes de propagande. Aussi, le droit, allié principal du Peuple Sahraoui, n’est effectif que lorsqu’il est entendu par ceux qui ont le pouvoir de le faire respecter.

C’est pourquoi, la solidarité renforcée avec le Peuple Sahraoui et son représentant légitime, le Front Polisario, doit apparaitre comme une évidence pour tous les défenseurs des Droits humains. Il s’agit de notre contribution la plus sincère envers une cause pour laquelle plaident l’ensemble des conventions internationales et l’avenir d’un Maghreb de coexistence et de sécurité pour tous les peuples qui le composent.

Pierre Galand, Président de la Task Force de l’EUCOCO


Sahara Info 173 – Spécial Conférence EUCOCO-Octobre 2017
EUCOCO 42 – Paris-Vitry/Seine